Héloïse

logo-def-01Le Cercle d’études Grégoire Girard participe au projet d’Itinéraire culturel du Conseil de l’Europe autour des grands pédagogues.

 

PROJET D’ITINERAIRE CULTUREL DU CONSEIL DE L’EUROPE AUTOUR DES GRANDS PEDAGOGUES

Itinéraire Héloïse
Voix et voies pédagogiques en Europe. Héritage, continuité, émancipation

Texte de cadrage scientifique

Pourquoi un itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe ?

Les Itinéraires Culturels du Conseil de l’Europe proposent, à travers une meilleure connaissance de la Culture et de l’Histoire commune des pays membres, de comprendre pourquoi les valeurs portées par l’Europe sont essentielles et doivent être défendues ; comment elles participent à la construction d’une citoyenneté partagée, sont un levier pour renforcer la dimension démocratique et permettent le développement d’un tourisme culturel (échanges et dialogues, travail avec les associations et les collectivités locales). Enfin, ces Itinéraires contribuent à la valorisation de la diversité des patrimoines en favorisant l’émergence de projets alternatifs. Le programme des itinéraires culturels lancé en 1987 par le Conseil de l’Europe démontre de manière tangible, à travers le voyage dans l’espace et dans le temps, comment le patrimoine culturel se développe au-delà des frontières. Les itinéraires culturels permettent d’illustrer et de mettre en œuvre les principes fondamentaux du Conseil dans le domaine de la culture : droits de l’homme, démocratie culturelle, respect de la diversité. Ils sont également un vecteur de dialogue interculturel et favorisent une meilleure compréhension de l’histoire européenne.

Les itinéraires culturels ont pour objectif de sauvegarder et de mettre en valeur le patrimoine culturel et naturel comme facteur d’amélioration du cadre de vie et comme source de développement social, économique et culturel. Ils donnent une place de choix au tourisme culturel. Le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a adopté en décembre 2010 la résolution instituant un Accord Elargi sur les Itinéraires culturels afin de faciliter la coopération renforcée entre les pays intéressés par le développement de ce programme. Une autre résolution souligne les objectifs et les critères pour l’attribution de la mention « Itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe ». L’Accord Elargi sur les itinéraires culturels compte aujourd’hui 25 pays membres. 25 itinéraires parcourent déjà l’Europe, une vingtaine traverse la France (par exemple la Transromanica, la Via Regia et l’emblématique route de Saint Jacques de Compostelle). Le Conseil de l’Europe affiche ainsi sa volonté de renforcer la coopération culturelle entre les pays européens, dans le sens d’une meilleure prise en compte des projets inscrits dans une démarche de développement durable des territoires, permettant d’affermir la cohésion sociale autour de l’unité européenne.

 

Pourquoi un nouvel itinéraire culturel autour des grands pédagogues ?

Des pédagogues de la Renaissance à l’éducation nouvelle, en passant par la philosophie des Lumières, le modèle éducatif européen s’inscrit dans la construction d’une utopie humaniste qui permet à l’enfant de découvrir sa singularité et de l’accepter comme une richesse, mais aussi de devenir un citoyen responsable apte à s’engager dans une aventure collective. Nos sociétés sont devenues des sociétés de la connaissance, où la maîtrise des savoirs est déterminante, qu’il s’agisse du développement des individus ou de la lutte pour une place satisfaisante dans l’économie mondialisée. S’il nous est difficile d’en prévoir l’évolution, nous savons que celle-ci sera fonction du développement des savoirs et partant, de la réussite plus ou moins grande à s’en saisir et à les produire. Il n’en a pas toujours été ainsi.

Le siècle des Lumières pose partout en Europe, tel un pari sur l’avenir, le développement nécessaire des fondements d’une “instruction publique”. Au 19ème siècle dans le sillage de l’industrialisation, de l’exode rural et de l’émergence des états-nations sur tout le continent, l’éducation devient l’une des prérogatives du pouvoir temporel au détriment de celui de l’Eglise. Le 20ème siècle, en liant instruction, démocratie et progrès pour tous, tend à en faire « la » grande cause politique et économique. Les questions de justice, d’égalité, d’épanouissement et de bonheur restent posées aujourd’hui, la qualité et l’accessibilité à l’éducation pour tous demeurant des facteurs déterminants à cet égard. La baisse d’efficience est immédiatement identifiée comme un indicateur de déclin (cf. les effets induits par les résultats successifs des enquêtes PISA). Qui plus est, dans le contexte irréversible de la mondialisation, la réussite ou l’échec des uns et des autres est envisagée en termes d’ensemble, dont l’Europe est devenue un acteur majeur certes, mais un acteur menacé. L’éducation est une réalité fondamentale, mais une réalité qui pose questions. Certes, elle est affaire de structures, de finances, d’institutions, d’organisations, de réformes. Mais elle est aussi une affaire d’histoire au sein d’un réseau habité par des hommes. L’éducation est notre héritage. Un héritage s’assume et, s’entretient, ne serait-ce que pour se retrouver. Surtout face à un avenir incertain et ouvert. Pour ce qui est de l’éducation, nous sommes les produits d’une grande et longue histoire. Or cette histoire a été très largement pensée, façonnée et écrite par des figures singulières : les pédagogues. Ce sont eux qui, au fil des siècles et dans l’espace européen, se sont affrontés à la tâche de réduire la béance entre le monde des idées et celui des réalités :

Enseigner ? Pourquoi ? A qui ? Quand ? Quoi ? Comment ? Par qui ?

Ces questions qui jalonnent la construction européenne, ont donné lieu à autant de débats contradictoires, de remises en cause, de mises en œuvre, de ruptures, d’échecs, d’innovations, pris en charge par des figures historiques jadis reconnues. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?

Comment comprendre ce qu’est devenue notre éducation sans se rappeler de quelle manière cet édifice s’est construit, sur quelles bases, sur quelles idées traversées par quelles volontés? Nous sommes les héritiers et, en tant que tels, nous avons un travail de mémoire. « Faire mémoire », c’est rechercher et reconnaître les chemins qui ont été empruntés à telle période, dans tel pays, sous quelle influence, et qui aboutissent à ce qui fait sens pour nous aujourd’hui, à ce qu’est notre système d’éducation, dans ses réussites et dans ses échecs, dans ses évidences et dans ses questionnements. Mais faire mémoire, c’est aussi prendre conscience des chemins que d’autres ont tenté d’emprunter, sans qu’ils soient forcément devenus la voie commune ; c’est donc retrouver un réservoir immense de possibilités encore à notre service… à condition de nous donner les moyens d’une telle histoire et d’en faire une relecture avisée. Les débats contemporains sur l’éducation ne peuvent prétendre à la nouveauté absolue. L’histoire bégaie. Bien entendu les contextes évoluent, mais justement, appréhender une question contemporaine dans un contexte différent permet de se décentrer des discours convenus. Ce qui est admis quand il s’agit de comparer des espaces différents, est plus facilement oublié quand il s’agit de temporalités différentes. D’autant que l’Europe, en la matière, a été le contexte global de ces histoires. Ce qu’il s’agit justement de valoriser.

L’éducation et la conscience européenne

Cette conscience européenne a toujours été une caractéristique des pédagogues des différents pays aux diverses époques. Même s’ils n’ont pas tous voyagé chez les uns et chez les autres, ils ont tous échangé des écrits dans un vaste réseau et ont tenu compte de leurs prédécesseurs et de leurs contemporains pour penser et agir. Si bien que l’histoire de la pédagogie, à travers les figures dominantes, est d’emblée une histoire européenne, une histoire par le filtre des acteurs qui ne doit cependant pas occulter celle issue des forces profondes au sein desquelles ils se meuvent. Cet aspect est cependant peu mis en valeur, car le politique a tendance à enfermer un/une pédagogue dans une nation, comme preuve justement du génie national. Il est donc urgent et indispensable de retracer les lignes de force de ces réseaux pédagogiques européens, ne serait-ce que pour prendre conscience de ce qui s’est joué et continue à se jouer. On peut à juste titre parler de patrimoine (fut-il immatériel) à propos de l’histoire des pédagogues. Mais quelle est la nature de l’héritage et en quel état parvient-il jusqu’à nous ? Celui-ci a pourtant été très présent à certains périodes. Rédigé à partir des années 1880, le Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire de Ferdinand Buisson, en est une preuve : au fil des articles, il permet de retrouver les traces d’un itinéraire européen des pédagogues. Le mouvement de l’Education Nouvelle entre les deux guerres mondiales en est une autre : toute l’Europe de la pédagogie y est active, ainsi qu’elle l’avait déjà été à plusieurs moments antérieurs, par exemple à l’époque des pédagogues de la modernité, héritiers directs des Lumières, au tournant du XIXe siècle. On a oublié ces moments et pourtant ils continuent à nous structurer.

La reconnaissance nécessite une connaissance préalable. Sous peine d’oubli irrémédiable, il devient urgent d’expliciter ce patrimoine éducatif européen encore implicite, et surtout de faire apparaître les autres réseaux, les autres moments, constitutifs de notre histoire. L’histoire se construit et se reconstruit. Elle nécessite la prise en compte de plusieurs processus :

⁃ Un processus de reconnaissance, puisque nous pouvons nous appuyer sur les recherches déjà effectuées.

⁃ Un processus de connaissance, puisque nous avons à faire progresser les savoirs dans le domaine.

⁃ Un processus de préservation, puisque tout travail de mémoire est une exigence pour l’avenir.

⁃ Un processus de valorisation, puisque nous estimons que cette histoire mérite une reconnaissance plus forte, qui nous permet de mieux saisir ce qui se joue en matière d’éducation contemporaine.

Peut-on s’appuyer sur un corpus constitué dans le domaine ?

Il est effectivement possible de se saisir des travaux de recherche menés ces dernières années sur les pédagogues européens, en particulier par des thèses ou des monographies. Mais une lecture horizontale devient nécessaire entre les différents pays d’Europe, pour mettre à disposition du public les résultats de ces travaux approfondis autant que ceux des recherches comparatistes. Maintes publications à d’autres niveaux, sur les pédagogues, sont aussi disponibles. Le Conseil de l’Europe vient d’œuvrer à une entreprise de longue haleine, dans le domaine de l’histoire de l’éducation, en lançant son programme Shared History, désormais en ligne. Mais, là encore, un travail plus exhaustif est sans doute souhaitable pour valoriser de tels acquis, tant sur la dimension biographique que pour la mise en lumière des réseaux. Il y aurait d’ailleurs à réaliser une banque de données européenne autour d’une telle thématique, de façon à enrichir les ressources passées, présentes et à venir, tout en les mettant à disposition du public. Une autre ressource est heureusement disponible. Nous pouvons dès à présent repérer des lieux significatifs liés à des pédagogues dans différents pays européens. Ils sont le plus souvent consacrés à une figure capitale. Il s’agirait alors de mettre en réseau de tels lieux pour les constituer en véritables lieux de mémoire, c’est-à-dire de réifier pour le grand public les lieux où s’incarnent les grandes pédagogies européennes, à travers les acteurs et les courants qui les expriment. Et par là de s’enrichir mutuellement. Sachant que ce mouvement serait aussi l’occasion de faire surgir d’autres initiatives dans d’autres endroits. L’objectif est alors de permettre à ces lieux de se construire autour de trois dimensions: l’éducatif, le culturel et le scientifique. Un premier réseau lancé à la genèse de l’itinéraire culturel européen de la pédagogie sera ainsi le promoteur et le garant, d’une part, d’un ensemble plus vaste de recherches et de réalisations sur les pédagogues et, d’autre part, du réseau même des lieux d’ancrage de la vie et de l’œuvre de tels pédagogues : lieux actifs, lieux un peu oubliés, lieux à faire revivre. Certes l’ambition est grande, mais sa crédibilité tient à ce qui est déjà réalisé dans différents pays européens. Réunir, mobiliser, développer… L’histoire de la pédagogie, construite sur la conscience européenne, a aujourd’hui besoin de retrouver son élan. Pour que le patrimoine reste un héritage qui ouvre sur un avenir commun un peu plus conscient et encore plus voulu.

Objectifs et démarche

L’Itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe sur les pédagogues se propose comme objectifs de :

  • ⁃  faire prendre conscience de la dimension européenne essentielle dans la pédagogie, par l’intermédiaire des figures qui en écrivent l’histoire ;
  • ⁃  faire progresser les savoirs scientifiques sur une telle Europe des pédagogues ; 4

⁃ construire et mettre à disposition un réseau européen de savoirs et de lieux. Ce projet suppose qu’un site soit créé :

⁃ qui permette de rendre progressivement visibles les savoirs disponibles sur les pédagogues dans les différents pays d’Europe : ouvrages des pédagogues, ouvrages sur les pédagogues, ouvrages sur un ensemble de pédagogues, ouvrages sur les courants pédagogiques ;

⁃ qui relie les différents lieux consacrés actuellement en Europe aux pédagogues en leur permettant de se faire mieux connaître ;

⁃ qui permette à toute personne de se construire un itinéraire pour effectuer les visites souhaitées dans ces différents lieux.

Ce projet passe donc avant tout par la construction d’un réseau des lieux spécifiques consacrés aux pédagogues dans les pays de la grande Europe. Il implique un repérage de ces lieux, une analyse de leur intérêt, un programme de rencontres entre les responsables de ces structures, entre les chercheurs, les habitants et les jeunes.

PROJECT FOR THE COUNCIL OF EUROPE’S CULTURAL ROUTES BASED AROUND THE GREAT PEDAGOGUES Héloïse Route 

Pedagogical Voices and Pathways in Europe Heritage, Continuity, Emancipation

Theoretical Framework Reasons for a Council of Europe Cultural Route 

The Council of Europe’s Cultural Routes aim, through a better knowledge of the culture and common history of the member countries, to understand why the values promoted by Europe are essential and must be defended, how they contribute to the construction of a shared citizenship and how they act as a a lever to strengthen the democratic dimension and allow the development of cultural tourism (exchanges and dialogues, work with associations and local authorities). Finally, these routes help to value the diversity of cultural heritage by encouraging the emergence of alternative projects.  The programme of cultural routes launched in 1987 by the Council of Europe demonstrates in a tangible way, through journeys in space and time, how cultural heritage develops beyond borders. Cultural routes can illustrate and implement the Council’s fundamental principles in the field of culture: human rights, cultural democracy, respect for diversity. They are also a vehicle for intercultural dialogue and they foster a better understanding of European history.

The aim of these cultural routes is to safeguard and enhance cultural and natural heritage as a means of improving the living environment and as a source of social, economic and cultural development. They give a prime position to cultural tourism. In December 2010, the Committee of Ministers of the Council of Europe adopted the resolution establishing an Enlarged Partial Agreement on Cultural Routes in order to facilitate enhanced cooperation between the countries concerned by the development of this programme. Another resolution highlights the objectives and criteria for awarding the distinction « Cultural Route of the Council of Europe ». The Enlarged Partial Agreement on Cultural Routes now has 25 member countries. Twenty-five routes run across Europe, some twenty of which cross France (for example Transromanica, Via Regia and the iconic Camino de Santiago de Compostela). The Council of Europe thus demonstrates its will to strengthen cultural co-operation among European countries through greater recognition of projects that are part of a process of sustainable regional development, strengthening social cohesion around European unity.

Reasons for a new Cultural Route based around the Great Pedagogues 

From the Renaissance pedagogues to the new education pedagogues, through the philosophy of the Enlightenment, the European educational model is part of the construction of a humanistic utopia which allows children to discover and treasure their own singularity, but also to become a responsible citizen able to engage in a collective adventure. Our societies have become knowledge societies, where the mastery of knowledge is decisive, whether in the development of individuals or in the struggle for a satisfactory place in the globalized economy. If it is difficult for us to predict its evolution but we know that it will depend on the development of areas of knowledge and the greater or lesser ability to take hold of them and to produce them.

The Age of the Enlightenment established throughout Europe the necessary development of the foundations of « public education », as if it was making a bet on the future. In the 19th century, in the wake of industrialization, the rural exodus and the emergence of nation-states throughout the continent, education became one of the prerogatives of temporal power to the detriment of that of the Church. The 20th century, by linking education, democracy and progress for all, has tended to make it « the » great political and economic cause. Justice, equality, fulfilment and happiness are live questions today, with quality and accessibility to education for all remaining decisive factors in this regard. A decline in efficiency is immediately identified as an indicator of decline (see the effects induced by the successive results of the PISA surveys). Moreover, in the irreversible context of globalization, the success or failure of different individuals is envisaged in terms of the whole, of which Europe has become a major player, but one under threat.  Education is a fundamental reality, but a reality that raises questions. Of course, it is about structures, finances, institutions, organizations, reforms. But it is also a matter of history at the heart of a network inhabited by men. Education is our heritage. We cannot disown or neglect our heritage, if only because it must bring us together. Especially when faced with an uncertain future. As far as education is concerned, we are the products of a long and great history. Yet this history has been largely conceived, shaped and written by remarkable figures: the pedagogues. It is they who, over the centuries and in the European space, have taken on the task of reducing the gap between the world of ideas and that of realities:

Teaching? Why? When? What? How? Who? Whom? 

These questions which mark the construction of Europe have given rise to so many contradictory debates, questionings, implementations, breaks, failures, innovations, which historic figures, recognised in the past, have made their own. But what about today? How can we understand what our education has become without recalling how this edifice was built; what the foundations were; what the ideas were; what the human wills that drove them were? This is what we have inherited and, because of this, we must engage in memory work. « Creating memory » is researching and recognising the paths that have been taken at certain times, in a certain country, when influenced in a certain way, and that has led to what makes sense for us today, to what our system of education is, in its successes and failures, in its apparent truths and the questions it raises. But creating memory is also being aware of the paths that others have tried to take, without necessarily having become the common path; it is therefore to find a vast reservoir of possibilities still at our disposal … provided that we give ourselves the resources to deal with that kind of history and to re-read it wisely.

Contemporary debates on education cannot claim absolute novelty. History stutters. Of course, contexts evolve but understanding a contemporary question in a different context makes it possible to move away from agreed discourses. What is admitted when it comes to comparing different spaces is more easily forgotten when it comes to different temporalities. This is especially true since, in this matter, Europe has been the global context of these histories. This is precisely what must be valued. Education and the European consciousness This European consciousness has always been a characteristic of the pedagogues from different countries at different periods. Even if they have not all traveled to visit one another, they have all exchanged writings within a vast network and have taken into account their predecessors and contemporaries in relation to their thought and actions. So much so that the history of pedagogy, through its dominant figures, is from the outset a European history, a history filtered through its agents which must not, however, obscure the history which results from the deep forces in which they are enveloped and in which they move. This aspect, however, is rarely emphasized, because politicians tend to box pedagogue in their nations, as proof of the national genius. There is a pressing and necessary need to trace the strengths of these European educational networks, if only to realise what has been at stake in the past and what continues to be at stake today. We can rightly speak of heritage (albeit immaterial heritage) concerning the history of the pedagogues. But what is the nature of the heritage and in what state does it reach us? It was very present at certain times in the past. Ferdinand Buisson’s Dictionary of Pedagogy and Primary Education, written from the 1880s onwards, is proof of this: in the course of the articles contained in the work, the reader discovers the traces of a European route of pedagogues. The New Education Movement between the two world wars is another example: the whole of Europe’s pedagogy is active there, as it had already been at earlier times, for example in the period of the Modern Pedagogues, direct heirs of the Enlightenment, at the turn of the nineteenth century. We have forgotten these moments and yet they continue to structure us. Recognition requires prior knowledge. At the risk of things being forgotten forever, it is becoming urgent to explain this European educational heritage which is still implicit, and above all to make visible the other networks, the other moments which have made our history. History is built and rebuilt. It involves taking into account several processes:

⁃ Recognition, since we can rely on research which has already been done. ⁃ Knowledge, since we have to advance our knowledge in the area. ⁃ Preservation, since all possible memory work is necessary for the future. ⁃ Appreciation, since we believe that this history deserves greater recognition, which will allow a better understanding of what is at stake in contemporary education. Can one rely on a corpus constituted in the field? It is indeed possible to take up the research carried out in recent years on European pedagogues, in particular in theses or monographs. But a horizontal reading between the different countries in Europe is necessary in order to make available to the public the results of these in-depth studies as well as those of comparative research. Numerous other kinds of publications on pedagogues are also available. The Council of Europe has just undertaken a long-term project in the field of educational history by launching its Shared History programme, now available online. But here again, a more exhaustive work is undoubtedly desirable in order to show the full value of such achievements, both in their biographical aspects as in the way they shine a light on the networks. Moreover, it would be useful to create a European data bank on such a topic, in order to enrich past, present and future resources, while making them available to the public.

Fortunately, another resource is available. Starting now, we can identify significant places linked to pedagogues in different European countries. They are most often dedicated to a major figure. It would be a question of creating a network of such places in order to make them real places of memory, that is to say to give a concrete form, for the general public, to the places where the great European pedagogies are embodied through the agents and the currents in which they find their expression. In this way there will be mutual enrichment. As this movement will also be the opportunity to promote other initiatives in other places, the objective will then be to allow these places to be built around three dimensions: educational, cultural and scientific. The first network launched at the origin of the European Cultural Route of Pedagogy will thus be the promoter and the guarantor, on the one hand, of a wider body of research and work on pedagogues and, on the other hand, of the very network of the places where the life and the work of the pedagogues are anchored: busy places, places somewhat forgotten, places to be brought to life again.

This project may be ambitious but its credibility stems from what has already been achieved in various European countries. Bringing together, mobilizing, developing… the history of pedagogy, built upon the European consciousness, needs to rediscover its momentum. So that this heritage will remain a legacy that opens up a better-informed common future to which people will wholeheartedly aspire. Objectives and approach The Cultural Route of the Council of Europe on Pedagogues proposes the following objectives:

⁃ to create an awareness of the essential European dimension in pedagogy, through the figures who have written its history; ⁃ to advance the scientific knowledge of the Europe of pedagogues; ⁃ to build and make publicly available a European network of knowledge and places. This project assumes that a site will be created:

⁃ which makes it possible to make the knowledge available on pedagogues in the different countries of Europe progressively visible: works by pedagogues, works on pedagogues, works on groups of pedagogues, works on currents in pedagogy; ⁃ which links the different places in Europe currently dedicated to pedagogues, enabling them to become better known; ⁃ which allows anyone to plan a route in order to visit the different places of their choice This project primarily entails the construction of a network of specific places dedicated to educators in the countries of greater Europe. It involves a survey of these places, an analysis of their interest, a programme of meetings between the leaders of these structures or institutions, between researchers, inhabitants and young people.